Posição
Dimíter Ánguelov
Após um longo silêncio, sem responder ao meu cumprimento o editor disse :
— As personagens não podem ser todas más, negativas. A narrativa não pode funcionar assim.
— E a quem se destina esta narrativa? - perguntou a editora. - As pessoas gostam de se identificar com as personagens. As pessoas, sabe-o
muito bem, são más por natureza. Mas têm esta necessidade natural: querem ser boas. E faltam-lhes personagens. Fazem tudo para se mascarar
de personagens. E o que lhes oferece o escritor? Uma galeria de negatividade, de torpeza, de degradação, de contradição, de desespero e da mais
abjecta verdade. Já leu a sua prosa? Quer deixar os leitores no deserto da maldade? A vida é bela!
— Mas se sinto assim... que mal há em haver maldade?
— O contrato é claro : diz « produção de ficção». A força que a sua prosa imprime ao mal torna-o uma realidade cortante, destruidora. Uma
dor contínua, como uma barra infinita de ferro fundido. Uma bomba contra a existência, contra a existência feliz, claro. Além disso, o seu texto é
pouco elaborado. Você diz tudo com uma precisão desoladora. Não deixa espaço para a mínima dúvida, para a mínima reflexão. Até me admira
como consegue inserir a pontuação, e mais concretamente o ponto final. Nada nos seus textos tem início ou fim. É um movimento que os
elimina à partida, embora esse movimento elimine também qualquer ponto de partida. Porque o seu ponto final é categórico mas é um
categórico na indefinição. Uma indefinição que não admite ambiguidades, equívocos. É isto que eu aprecio no seu estilo. O que não suporto é
que tenho que concordar consigo, com aquilo que detesto, que odeio. Ora, concordar consigo é uma violência. Se não o conhecesse, não seria.
Esse seu olhar absorvente! Por vezes parece-me que você era capaz de acalmar uma tempestade com esse olhar firme, imperturbável. Mas no
seu caso, «imperturbável» quer dizer destrutivo. A sua calma não permite a concordância dos movimentos. Os muros por onde você passa,
abrem fendas... Porque você perturba o equilíbrio com a sua contenção, você bloqueia... O seu pensamento desestabiliza o próprio inorgânico.
Impressão minha, admito. Mas é a sensação generalizada que você deixa. Vejo pânico nos olhos dos que chocam com a sua calma. Porque será?
Há na sua calma uma bomba atómica, suspeito. Porém, não o posso provar. Nem você próprio o pode demonstrar. Sabe-o muito bem. E destrói,
tudo sem piedade, pelo caminho. De uma incerteza, você produz com a sua calma uma inquietação, de uma emoção - uma doença nervosa, de
um pânico - talvez a morte. A sua calma é contrária à vida. É uma espécie de desejo tão forte que se opõe à Natureza. Desejo de viver subjugando
toda a racionalidade, todo o sentimento.
Peguei num marcador roxo e esbocei sobre a mesa um esquema esotérico onde aparentemente se reconciliavam a racionalidade, o
sentimento e o desejo. Ambos olharam para mim com espanto.
Acrescentei um ponto e saí.
(©Dimíter Ánguelov Trinta contos até ao fim da vida, Edições &etc, Lisboa, 1998)
Calme destructeur
Dimíter Ánguelov
Traduit du portugais par Cécile Lombard
Après un long silence, sans répondre à mon salut, l’éditeur a dit :
— Les personnages ne peuvent pas être tous mauvais, négatifs. La narration ne peut pas fonctionner de cette façon.
— Et à qui s'adresse ce récit ? a demandé l’éditrice. Les gens aiment s’identifier aux personnages. Les gens, vous le savez très bien, sont
méchants par nature. Pourtant, ils éprouvent ce besoin normal : ils veulent être bons. Et ils manquent de personnages. Ils font tout pour se
déguiser en personnages. Et que leur offre l’écrivain ? Une galerie de négativité, de turpitude, de dégradation, de contradiction, de désespoir et
de la vérité la plus abjecte. Vous avez déjà lu votre prose ? Vous voulez laisser le lecteur dans le désert de la méchanceté ? La vie est belle !
— Mais si je le sens comme ça… quel mal y a-t-il à être méchant ?
— Le contrat est clair, il dit : « production de fiction ». La force que votre prose imprime au mal fait de celui-ci une réalité coupante,
destructrice. Une douleur continuelle, comme une barre infinie de fer fondu. Une bombe contre l’existence, contre l’existence heureuse, bien
sûr. En outre, votre texte est peu élaboré. Vous dites tout avec une désolante précision. Vous ne laissez pas la place au moindre doute, à la
moindre réflexion. Je m’étonne même que vous parveniez à insérer la ponctuation, et plus concrètement le point final. Rien dans vos textes n’a
ni commencement ni fin. C’est un mouvement qui les élimine dès le départ, bien qu'il élimine aussi un quelconque point de départ. Parce que
votre point final est catégorique, mais catégorique dans son imprécision. Une imprécision qui n’admet aucune ambiguïté, aucune équivoque.
C’est ce que j’apprécie dans votre style. Ce que je ne supporte pas, c’est que je suis obligée d’être d’accord avec vous, avec ce que je déteste, ce
que je hais. Or, être d’accord avec vous est une violence en soi. Si je ne vous connaissais pas, ce serait différent. Vous et votre regard absorbant !
Parfois j’ai l’impression que vous seriez capable d’apaiser une tempête avec ce regard ferme, imperturbable. Mais, dans votre cas,
« imperturbable » veut dire destructeur. Votre calme empêche la coordination des mouvements. Dans les murs devant lesquels vous passez, des
brèches s’ouvrent… Parce que vous perturbez l’équilibre avec votre mesure, vous bloquez… Votre pensée déstabilise jusqu'à l'inorganique. Une
impression personnelle, je l’admets. Mais c’est la sensation générale que vous laissez. Je lis la panique dans les yeux de ceux qui sont choqués
par votre calme. Pourquoi ça ? Je soupçonne qu’il y a dans ce calme une bombe atomique. Moi, je ne peux pas le prouver. Pas même vous n'êtes
capable de le démontrer. Vous le savez très bien. Vous détruisez tout sur votre passage, sans pitié. D’une incertitude, vous et votre calme faites
une inquiétude, d’une émotion une maladie nerveuse, d’une peur panique peut-être la mort. Votre calme est contraire à la vie. C’est une espèce
de désir tellement fort qu’il s’oppose à la nature. Le désir de vivre en soumettant toute rationalité, tout sentiment.
J’ai pris un marqueur violet et j’ai esquissé sur la table un schéma ésotérique où semblaient réconciliés la rationalité, le sentiment et le désir.
Tous deux me regardaient avec stupeur.
J’ai ajouté un point et je suis parti.
© Cécile Lombard, 2011
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