Café Langues Poèmes et chansons du Brésil Lectures en portugais et français Mardi 18 février 2014 - 12h30 Cafétéria du pôle Langues - Université Rennes 2 Dimanche 2 mars 2014 Les Champs Libres Les Premiers Dimanches Rio, la ville merveilleuse - Travelling Realização/Réalisation Amélie Tehel, Morwenna German Service Culturel - Université Rennes 2 Coordenação Geral/Coordination générale Rita Olivieri-Godet, Mireille Garcia Département de Portugais - Université Rennes 2 Organização / Organisation Aglaê Fernandes, André Luís Gomes, Mireille Garcia Direção Cênica/ Direction Scénique André Luís Gomes Direction musicale Mireille Garcia (interpreta a música “José”/interprète la chanson “José”) Apoio/Soutien Université Rennes 2 : Partenaires extérieurs : Département de Portugais Association Clair Obscur UFR Langues CROUS Service culturel Wikiradio de l’UEB CREA Les Champs Libres Crédit images Peintures de João Carlos Olivieri – Jonga Sumário / Sommaire Rondó Do Capitão/Rondeau du Capitaine Poème de Manuel Bandeira – Adaptation musicale Secos e Molhados Menino do mato/ L´enfant des bois Manoel de Barros – Trad. Max de Carvalho Paisagem pelo telefone / Paysage au téléphone João Cabral de Melo Neto – Trad. Max de Carvalho O amor no éter Adélia Prado – Trad. Michel Riaudel et Rita Olivieri-Godet Hilda Hilst – Trad. Michel Riaudel Anzol / Hameçon Damário Dacruz – Trad. Dominique Stoenesco Nenhum e seis / Aucun et six Roberval Pereyr - Trad. Dominique Stoenesco José / José Carlos Drummond de Andrade – Trad. Jean-Michel Massa A Bruxa / La Sorcière Carlos Drummond Andrade – Trad. Max de Carvalho Estudo 165 / Étude 165 Antonio Brasileiro – Trad. Dominique Stoenesco Vou-me embora pra pasárgada / Je pars pour Pasargades Manuel Bandeira – Trad. Max de Carvalho Samba da bênção / Samba saravá Vinícius de Moraes – Adaptação Pierre Barouh Águas de março / Les eaux de mars Tom Jobim - Adaptação Georges Moustaki Amor / Amour Clarice Lispector – Trad. Jacques Thiériot Poema dos olhos da amada Vinícius de Moraes Fonte / Source CARVALHO, Max. La poésie du Brésil. Anthologie du XVIe au XXe siècle. Paris: Chandeigne, 2012. Edition bilingue STOENESCO, Dominique. Traversée d’océans. Voix poétiques de Bretagne et de Bahia. Paris: Editions Lanore, 2012. Edition bilingue RIAUDEL, Michel et GODET, Rita Olivieri. “Hilda Hilst et Adélia Prado. Poèmes présentés par Michel Riaudel et Rita Olivieri Godet”. Revue Pleine Marge, n°25, mai 1997 Poèmes et chansons du Brésil Pour mettre en valeur l’excellence poétique de la chanson populaire brésilienne – la MPB (Musique Populaire Brésilienne), comme on l’appelle là-bas – un critique célèbre a écrit que la poésie brésilienne avait migré des poèmes vers la chanson populaire. Je pense plutôt que la poésie a toujours su irriguer les deux formes d’expression, en faisant, sans cesse, des allers-retours entre les deux rives. C’est la raison pour laquelle, lors de la préparation de ce Café langues, nous avons choisi d’explorer les passages, les frontières fluides entre poésie et musique brésiliennes. Ce café langues, organisé par le service culturel et le Département de Portugais, s’inscrit dans le cadre des activités culturelles de l’Université Rennes 2 et du Festival Travelling qui, en 2014, rend hommage à la ville de Rio de Janeiro. Une raison de plus pour que ce modeste échantillon de poèmes et de chansons brésiliennes rappelle les noms de deux de ses plus illustres musiciens-poètes, nés à Rio, Vinicius de Moraes et Tom Jobim, à côté d’autres poètes et écrivains dont la parole, qu’elle soit jubilatoire, critique, douloureuse, sensorielle ou autre, est toujours, incontestablement, d’une surprenante beauté. Parole qui nous invite à regarder le monde autrement et à établir avec lui des rapports singuliers. Rita Olivieri-Godet Département de Portugais Rondó do capitão (Manuel Bandeira) Bão balalão, senhor capitão. tirai este peso do meu coração. não é de tristeza, não é de aflição: é só esperança, senhor capitão! A leve esperança, a área esperança... área, pois não! peso mais pesado não existe não. ah, livrai-me dele, senhor capitão! (Manuel Bandeira - Recife(PE)/1886 — Rio de Janeiro (RJ)/1968) Menino do mato (Manoel de Barros) Nosso conhecimento não era de estudar em livros. Era de pegar de apalpar de ouvir e de outros sentidos. Seria um saber primordial? Nossas palavras se ajuntavam uma na outra por amor e não por sintaxe. A gente queria o arpejo. O canto. O gorjeio das palavras. Um dia tentamos até fazer um cruzamento de árvores com passarinhos para obter gorjeios em nossas palavras. Não obtivemos. Estamos esperando até hoje. Mas bem ficamos sabendo que é também das percepções primárias que nascem arpejos e gorjeios. Porém naquela altura a gente gostava mais das palavras desbocadas. Tipo assim : Eu queria pegar na bunda do vento. O pai disse que o vento não tem bunda. Pelo que ficamos frustrados. Mas o pai apoiava nossa maneira de desver o mundo que era a nossa maneira de sair do enfado. A gente não gostava de explicar as imagens porque explicar afasta as falas da imaginação. A gente gostava dos sentidos desarticulados como a conversa dos passarinhos no chão a comer pedaços de mosca. Certas visões não significavam nada mas eram passeios verbais. A gente sempre queria dar brazão às borboletas. A gente gostava bem das vadiações com as palavras do que das prisões gramaticais. Quando o menino disse que queria passar para as palavras suas peraltagens até os caracóis apoiaram. A gente se encostava na tarde como se a tarde fosse um poste. A gente gostava das palavras quando elas perturbavam os sentidos normais da fala. Esses meninos faziam parte do arrebol como os passarinhos. (Manoel de Barros - Cuiabá(MT)/1916) L’enfant des bois (Manoel de Barros – Trad. Max de Carvalho) Notre savoir ne s’apprenait pas dans les livres. Mais en touchant en palpant en écoutant et par d’autres sens encore. Était-ce un savoir primordial? Nos mots s’assemblaient les uns aux autres par amour et non par syntaxe. Nous voulions l’arpège. Le chant. Le gazouillis des mots. Un jour nous essayâmes même de réaliser un croisement d’arbres et d’oiseaux afin que nos mots gazouillent. Sans succès. Nous l’attendons toujours. Mais nous avons compris que les arpèges les chansons les gazouillis naissaient aussi des perceptions primaires. Toutefois en ce temps-là nous préférions les mots débridés. Du genre : Je voudrais attraper la fesse du vent. Père dit que le vent n’a pas de fesse. Cela nous déçut. Cependant, Père appuyait notre manière de dévoir le monde qui était notre manière à nous d’échapper à l’ennui. Nous n’aimions pas expliquer les images parce qu’expliquer éloigne les langages de l’imagination. Nous aimions les sens désarticulés comme le babil des petits oiseaux se disputant des bouts de mouche par terre. Certaines visions ne signifiaient rien mais étaient des promenades verbales. Nous voulions toujours attribuer des blasons à des papillons. Nous préférions les vagabondages de mots aux prisons grammaticales. Quand le gamin déclara qu’il voulait communiquer ses espiègleries aux mots même les escargots l’approuvèrent. On s’appuyait au soir comme si le soir était un lampadaire. Nous aimions les mots quand ils perturbaient les sens normaux du langage. Ces gamins faisaient partie des rougeurs de l’aurore autant que les petits oiseaux. Paisagem pelo telefone Paysage au téléphone Sempre que no telefone me falavas, eu diria que falavas de uma sala toda de luz invadida, Chaque fois que tu me parlais au téléphone, il me semblait que tu parlais d’une pièce inondée de soleil, sala que pelas janelas, duzentas, se oferecia a alguma manhã de praia, mais manhã porque marinha, une pièce qui par toutes ses fenêtres, deux cents au moins, s’offrait à un de ces matins de plage plus matinal d’être marin, a alguma manhã de praia no prumo do meio-dia, meio-dia mineral de uma praia nordestina, un de ces matins de plage à l’aplomb du midi, midi minéral d’une plage nordestine, Nordeste de Pernambuco, onde as manhãs são mais limpas, Pernambuco do Recife, de Piedade, de Olinda, Nordeste de Pernambouc, où les matins sont plus nets, Pernambouc de Recife, de Piedade, d’Olinda, sempre povoado de velas, brancas, ao sol estendidas, de jangadas, que são velas mais brancas porque salinas, toujours peuplé de voiles, blanches, déployées au soleil, de jangadas, elles-mêmes voiles plus blanches d’être salines, que, como muros caiados possuem luz intestina, pois não é o sol que as veste e tampouco as ilumina, qui, comme des murs de chaux possèdent une lumière intestine, car ce n’est pas le soleil qui les vêt et moins encore les illumine, mais bem, somente as desveste de toda sombra ou neblina, deixando que livres brilhem os cristais que dentro tinham. mais il les dévêt plutôt de toute ombre ou brouillard, laissant briller librement les cristaux qui étaient en elles. Pois, assim, no telefone tua voz me parecia C’est ainsi que, au téléphone, ta voix me semblait (João Cabral de Melo Neto) (João Cabral de Melo Neto – Trad. Max de Carvalho) como se de tal manhã estivesse envolvida, comme enveloppée d’un tel matin, fresca e clara, como se telefonasses despida, ou, se vestida, somente de roupa de banho, mínima, clair et frais, comme si tu téléphonais toute nue ou alors, vêtue seulement d’un maillot de bain, très léger, e que por mínima, pouco de tua luz própria tira, e até mais, quando falavas no telefone, eu diria et qui pour être si succinct, ôtait peu de chose à ta propre lumière, il me semblait même que, lorsque tu parlais au téléphone, que estavas de todo nua, só de teu banho vestida, que é quando tu estás mais clara pois a água nada embacia, tu étais complètement nue, vêtue juste de ton bain, c’est là que tu es la plus claire parce que l’eau n’embue rien, sim, como o sol sobre a cal seis estrofes mais acima, a água clara não te acende : libera a luz que já tinhas. oui, comme le soleil sur la chaux six strophes plus haut, l’eau claire ne t’allume pas : elle libère la lumière qui était en toi. (João Cabral de Melo Neto - Recife(PE)/ 1920 — Rio de Janeiro(RJ)/ 1999) O amor no éter (Adélia Prado) Há dentro de mim uma paisagem entre meio-dia e duas horas da tarde. Aves pernaltas, os bicos mergulhados na água, entram e não neste lugar de memória, uma lagoa rasa com caniços na margem. Habito nele, quando os desejos do corpo, a metafísica, exclamam: como és bonito! Quero escavar-te até encontrar onde segregas tanto sentimento. Pensas em mim, teu meio-riso secreto atravessa mar e montanha, me sobressalta em arrepios, o amor sobre o natural. O corpo é leve como a alma, os minerais voam como borboletas. Tudo deste lugar entre meio-dia e duas horas da tarde. Du recueil Terra de Santa Cruz, 1981 (Adélia Prado –Divinópolis(MG) - 1935) L’amour dans l´azur (Adélia Prado – Trad. Michel Riaudel et Rita Olivieri-Godet) Il y a en moi un paysage entre midi et deux heures de l’après-midi. Des échassiers, le bec plongé dans l’eau, Entrent à demi dans ce lieu de mémoire, une lagune peu profonde bordée de roseaux. J’y habite, quand les désirs du corps, la métaphysique, s’exclament : que tu es beau ! Je veux fouiller en toi jusqu’à trouver où tu sécrètes tant de sentiment. Tu penses à moi, ton léger rire secret traverse mer et montagne, me saisit de frissons, l’amour sur naturel. Le corps ne pèse pas plus que l’âme, les minéraux volent comme papillons. Tout en ce lieu, entre midi et deux heures de l’après-midi. Hilda Hilst O que me vem, devo dizer-te DESEJADO Sem recuo, pejo ou timidezes. Porque é mais certo mostrar Insolência no verso, do que mentir decerto. Então direi O que se coleia a mim, na intimidade, e atrasvessa os vaus Da fantasia. Deito-me pensada de bromélias vivas E me recrio corpórea e incandescente. Tu sabes como nasceu a idéia das pontiagudas catedrais? De um louco incendiando um pinheiro de espinhos. Arquiteta de mim, me construo à imagem das tuas Casas E te adentras em carne e moradia. Queixumosa vou indo E queixoso te mostras, depois de te fartares Do meu jogo de engodos. E a cada noite voltas Numa simulação de dor. Paraíso do gozo. (Hilda Hilst –Jaú (SP) /1930 — Campinas (SP)/ 2004) Hilda Hilst – Trad. Michel Riaudel Ce qui me vient, je dois te le dire EN DESIR, Sans recul, ni pudeur, ni retenues. Parce que mieux vaut faire montre D’insolences dans les vers, que de mentir vraiment. C’est pourquoi je dirai Ce qui serpente jusqu’à moi, dans l’intimité, et traverse les gués De l’imagination. Je me couche en me pensant bromélies vives Et me recrée corporelle et incandescente. Sais-tu comment est née l’idée des cathédrales aux flèches aiguës? D’un fou qui incendiait un pin d’épines. Architecte de moi-même, je me bâtis à l’image de tes Maisons Et tu t’y introduis en chair et demeure. Dolente suis Et toi plaintif, après t’être repu De mon jeu de leurres. Et chaque nuit tu reviens Dans un faux-semblant de douleur. Paradis de la jouissance. Anzol (Damário Dacruz) Angustiado olhar do peixe capturado. Angustiado olhar do peixe na laje do mercado. O amor, às vezes, tem esse olhar, de quem vacila prisioneiro quando tudo é mar. (Damário Dacruz – Salvador (BA)/ 1953 - Salvador(BA)/2010) Hameçon (Damário Dacruz – Trad. Dominique Stoenesco) Regard inquiet du poisson capturé. Regard inquiet du poisson sur la dalle du marché. L´amour, parfois, a le regard de celui qui vacille prisonnier lorsque tout est mer. Nenhum e seis (Roberval Pereyr) sou da noite minhas unhas crescem na noite inventei um destino na noite: uma banda do ser interditada a outra na festa às vezes pergunto: quem sou? trago manchas de enigmas na pele dou um salto mortal dentro de mim e não sei se escapo: pois há os que caem. há os que não levantam. há os que perdem em complicado jogo a terra natal. a minha terra era eu mesmo: hoje sou uma dívida. a quem hei de pagar? (Roberval Pereyr - Umburanas (BA) 1953) Aucun et six (Roberval Pereyr. – Trad Dominique Stoenesco) je suis de la nuit mes ongles poussent la nuit j´ai inventé um destin la nuit: une partie de mon être interdite l´autre à la fête parfois je me dis: qui suis-je? J´ai des taches d´énigmes sur la peau je fais um saut périlleux em moi-même sans savoir si je m´en tire: il y a ceux qui tombent ceux qui ne se relèvent pas. ceux qui perdent dans un jeu complexe leur sol natal. mon sol c´était moi-même: à présent je suis une dette. à qui dois-je payer? José José (Carlos Drummond de Andrade) (Carlos Drummond de Andrade – Trad. JeanMichel Massa) E agora, José ? A festa acabou, a luz apagou, o povo sumiu, a noite esfriou, e agora, José ? e agora, você ? você que é sem nome, que zomba dos outros, você que faz versos, que ama, protesta ? e agora, José ? Et maintenant, José ? Finie la fête, éteinte la lumière, disparu le peuple, plus fraîche la nuit, et maintenant, José ? Et maintenant, toi ? Toi qui es sans nom, qui te moques des autres, toi qui fais des vers, qui aimes, protestes ? Et maintenant, José ? Está sem mulher, está sem discurso, está sem carinho, já não pode beber, já não pode fumar, cuspir já não pode, a noite esfriou, o dia não veio, o bonde não veio, o riso não veio, não veio a utopia e tudo acabou e tudo fugiu e tudo mofou, e agora, José ? Sans femme, sans mots, sans affection, à présent impossible de boire, à présent impossible de fumer, et de cracher aussi, la nuit a fraîchi, le jour n’est pas venu, le tram n’est pas venu, le rire n’est pas venu, pas plus que l’utopie et tout est fini et tout a fui et tout a moisi et maintenant, José ? Sua doce palavra, seu instante de febre, sua gula e jejum, sua biblioteca, sua lavra de ouro, seu terno de vidro, sua incoerência, seu ódio — e agora ? Ta douce parole, ta goinfrerie et ton jeûne, ta minute de fièvre, ta bibliothèque, ta mine d’or, ton costume de verre, ton incohérence, ta haine – et maintenant ? com a chave na mão quer abrir a porta, não existe porta; quer morrer no mar, mas o mar secou; quer ir para Minas, Minas não há mais. José, e agora? La clef à la main on veut ouvrir la porte, la porte n’existe pas ; on veut mourir en mer, mais la mer a séché ; on veut aller à Minas, il n’y a plus de Minas, José, et maintenant ? Se você gritasse, Se você gemesse, Se você tocasse A valsa vienense, Se você dormisse, Se você cansasse, Se você morresse... Mas você não morre, Você é duro, José! Si tu criais, si tu gémissais, si tu jouais la valse de Vienne, si tu dormais, si tu te lassais, si tu mourais… Mais tu ne meurs pas, Tu es solide, José ! Sozinho no escuro, Qual bicho-do-mato, Sem teogonia, Sem parede nua Para se encostar, Sem cavalo preto Que fuja a galope, Você marcha, José! José, para onde? Tout seul dans le noir comme une bête sauvage, sans théogonie sans mur nu pour t’appuyer, sans cheval noir qui fuie au galop, tu avances, José ! José, vers où ? (Carlos Drummond de Andrade – Itabira (MG)/1902 – Rio de Janeiro (RJ)/1987) A bruxa La sorcière Nesta cidade do Rio, de dois milhões de habitantes, estou sozinho no quarto, estou sozinho na América. Dans cette ville de Rio, qui compte deux millions d´habitants, je suis seul dans ma chambre, seul dans toute l`Amérique. Estarei mesmo sozinho? Ainda há pouco um ruído anunciou vida ao meu lado. Certo não é vida humana, mas é vida. E sinto a bruxa presa na zona de luz. Suis-je vraiment seul? Tout à l´heure un bruit Trahissait une vie à mes côtés. Pas une vie humaine, bien sûr, mais la vie tout de même. Et je sens la sorcière prise dans le cercle de lumière. De dois milhões de habitantes! E nem precisava tanto... Precisava de um amigo, desses calados, distantes, que lêem verso de Horácio mas secretamente influem na vida, no amor, na carne. Estou só, não tenho amigo, e a essa hora tardia como procurar amigo? Deux millions d´habitants! Je n´en demandais pas tant... Je demandais juste un ami, Un de ces amis silencieux, un peu distants, qui lisent des vers d´Horace mais exercent une influence secrète sur notre vie, nos amours, notre chair Je suis seul, sans ami, et à cette heure tardive où chercher un ami? E nem precisava tanto. Precisava de mulher que entrasse neste minuto, recebesse este carinho, salvasse do aniquilamento um minuto e um carinho loucos que tenho para oferecer. Je n´en demandais pas tant. Je demandais seulement qu´une femme entre maintenant , reçoive cette tendresse, et sauve de l´anéantissement l´instant et la tendresse folle que je brûle d´offrir. Em dois milhões de habitantes, quantas mulheres prováveis interrogam-se no espelho medindo o tempo perdido até que venha a manhã trazer leite, jornal e clama. Sur deux millions d´habitants, combien de femmes probables s´interrogent devant le miroir, mesurant le temps perdu jusqu´à ce que vienne le matin apportant le lait, le journal, l´apaisement. (Carlos Drummond Andrade) (Carlos Drummond de Andrade – Trad. Max de Carvalho) Porém a essa hora vazia como descobrir mulher? Esta cidade do Rio! Tenho tanta palavra meiga, conheço vozes de bichos, sei os beijos mais violentos, viajei, briguei, aprendi. Estou cercado de olhos, de mãos, afetos, procuras. Mas se tento comunicar-me o que há é apenas a noite e uma espantosa solidão. Mais à cette heure déserte Comment trouver une femme? Cette ville de Rio! Je suis débordant de tendresse, je sais imiter des cris d´animaux, les baisers les plus fougueux, j´ai voyagé, je me suis battu, j´ai mûri. Me voici cerné d´yeux, de mains, d´affections, de demandes. Mais si je veux m´épancher Je ne trouve que la nuit Et une solitude affreuse. Companheiros, escutai-me! Essa presença agitada querendo romper a noite não é simplesmente a bruxa. É antes a confidência exalando-se de um homem. Mes amis, écoutez-moi! Cette présence inquiète qui voudrait déchirer la nuit n´est pas seulement celle de la sorcière. C´est avant tout la confidence qui s´exhale du cœur d´un homme. (Carlos Drummond de Andrade – Itabira (MG)/1902 – Rio de Janeiro (RJ)/1987) Estudo 165 (Antonio Brasileiro) Compor um homem com suas tramas, seus dramas, teogonias, gramátics, soluços; compor um homem, do orvalho matinal compor um homem, do céu cheio de estrelas, do mistério do homem compor o homem; compor um homem da criança que há no homem, do homem a adivinhar-se em antiquíssimas retinas; compor um homem com seus soluços, gramáticas, teogonias - e recriá-lo perante os outros homens. (Antonio Brasileiro – Matas do Orobó(BA)/1944) Étude 165 (Antonio Brasileiro – Trad. Dominique Stoenesco) Composer un homme avec ses intrigues, ses drames, théogonies, grammaires, sanglots; composer un homme, de la rosée matinale composer un homme, du ciel parsemé d´étoiles, du mystère de l´homme composer l´homme; composer un homme issu de l´enfant qu´il y a dans l´homme, de l´homme que l´on devine à travers d´ancestrales rétines; composer un homme avec ses sanglots, ses grammaires, ses théogonies - et le réciter devant les autres hommes. Vou-me embora Je pars pour pra pasárgada Pasargades (Manuel Bandeira) (Manuel Bandeira - Trad. Max de Carvalho) Vou-me embora pra Pasárgada Lá sou amigo do rei Lá tenho a mulher que eu quero Na cama que escolherei Vou-me embora pra Pasárgada Je pars pour Pasargades Le roi là-bas est mon ami Là-bas celle que j´aime m´attend Dans le lit de mon choix Je pars pour Pasargades Vou-me embora pra Pasárgada Aqui eu não sou feliz Lá a existência é uma aventura De tal modo inconseqüente Que Joana a Louca de Espanha Rainha e falsa demente Vem a ser contraparente Da nora que nunca tive Je pars pour Pasargades Je ne suis pas heureux ici Là-bas l´existence est une aventure Qui va si peu à conséquence Que Jeanne la Folle Reine d´Espagne et fausse démente Y devient une parente éloignée De la belle-fille que je n´ai jamais eue E como farei ginástica Andarei de bicicleta Montarei em burro brabo Subirei no pau-de-sebo Tomarei banhos de mar! E quando estiver cansado Deito na beira do rio Mando chamar a mãe-d’água Pra me contar as histórias Que no tempo de eu menino Rosa vinha me contar Vou-me embora pra Pasárgada Je m´y ferai athlète Roulerai á bicyclette Monterai des ânes sauvages Grimperai au mât de cocagne Fendrai la vague! Puis quand je serai las Couché au bord du fleuve J´appellerai l´ondine Afin qu´elle me raconte les mêmes histoires Que me disait Rosa pour m´endormir Lorsque j´étais petit Je pars pour Pasargades Em Pasárgada tem tudo É outra civilização Tem um processo seguro De impedir a concepção Tem telefone automático Tem alcalóide à vontade Tem prostitutas bonitas Para a gente namorar On trouve tout à Pasargades C´est une tout autre civilisation Où l´on connaît un moyen sûr Pour éviter la conception Le téléphone automatique La cocaïne à discrétion Et pour l´amour Les ravissantes prostituées E quando eu estiver mais triste Mas triste de não ter jeito Quando de noite me der Vontade de me matar — Lá sou amigo do rei — Terei a mulher que eu quero Na cama que escolherei Vou-me embora pra Pasárgada. (Manuel Bandeira - Recife(PE)/ 1886 — Rio de Janeiro (RJ)/1968) Et lorsque mon âme sera plus triste encore Triste à mourir Lorsque la nuit l´envie de me tuer Me tiendra éveillé - Là-bas je suis l´ami du roi – Je prendrai celle que j´aime Dans le lit de mon choix Je pars pour Pasargades. Samba saravá (Samba da bênção) (Vinícius de Moraes) É melhor ser alegre que ser triste Alegria é a melhor coisa que existe É assim como a luz no coração Mas pra fazer um samba com beleza É preciso um bocado de tristeza É preciso um bocado de tristeza Senão, não se faz um samba não Fazer samba não é contar piada E quem faz samba assim não é de nada O bom samba é uma forma de oração Porque o samba é a tristeza que balança E a tristeza tem sempre uma esperança A tristeza tem sempre uma esperança De um dia não ser mais triste não Ponha um pouco de amor numa cadência E vai ver que ninguém no mundo vence A beleza que tem um samba, não Porque o samba nasceu lá na Bahia E se hoje ele é branco na poesia Se hoje ele é branco na poesia Ele é negro demais no coração Ponha um pouco de amor numa cadência E vai ver que ninguém no mundo vence A beleza que tem um samba, não Porque o samba nasceu lá na Bahia E se hoje ele é branco na poesia Se hoje ele é branco na poesia Ele é negro demais no coração (Vinícius de Moraes – Rio de Janeiro (RJ)/1913 – Rio de Janeiro (RJ)/ 1980) Samba saravá (Vinícius de Morais – Trad. Pierre Barouh) Etre heureux, c´est plus ou moins ce qu´on cherche J´aime rire, chanter et je n´empêche Pas les gens qui sont bien d´être joyeux Pourtant s´il est une samba sans tristesse C´est un vin qui ne donne pas l´ivresse Un vin qui ne donne pas l´ivresse Non, ce n´est pas la samba que je veux J´en connais que la chanson incommode D´autres pour qui ce n´est rien qu´une mode D´autres qui en profitent sans l´aimer Moi je l´aime et j´ai parcouru le monde En cherchant ses racines vagabondes Aujourd´hui pour trouver les plus profondes C´est la samba chanson qu´il faut chanter On m´a dit qu´elle venait de Bahia Qu´elle doit son rythme, sa poésie à Des siècles de danse et de douleurs Mais quel que soit le sentiment qu´elle exprime Elle est blanche de formes et de rimes Blanche de formes et de rimes Elle est nègre, bien nègre dans son cœur Águas de março Les eaux de mars É pau, é pedra, é o fim do caminho É um resto de toco, é um pouco sozinho É um caco de vidro, é a vida, é o sol É a noite, é a morte, é o laço, é o anzol Un pas, une pierre, un chemin qui chemine Un reste de racine, c’est un peu solitaire C’est un éclat de verre, c’est la vie, le soleil C’est la mort, le sommeil, c’est un piège entrouvert É peroba do campo, é o nó da madeira Caingá, candeia, é o Matita Pereira É madeira de vento, tombo da ribanceira É o mistério profundo, é o queira ou não queira Un arbre millénaire, un nœud dans le bois C’est un chien qui aboie, c’est un oiseau dans l’air C’est un tronc qui pourrit, c’est la neige qui fond Le mystère profond, la promesse de vie É o vento ventando, é o fim da ladeira É a viga, é o vão, festa da cumueira É a chuva chovendo, é conversa ribeira Das águas de março, é o fim da canseira C’est le souffle du vent au sommet des collines C’est une vieille ruine, le vide, le néant C’est la pie qui jacasse, c’est l’averse qui verse Des torrents d’allégresse, ce sont les eaux de Mars É o pé, é o chão, é a marcha estradeira Passarinho na mão, pedra de atiradeira É uma ave no céu, é uma ave no chão É um regato, é uma fonte, é um pedaço de pão C’est le pied qui avance à pas sûr, à pas lent C’est la main qui se tend, c’est la pierre qu’on lance C’est un trou dans la terre, un chemin qui chemine Un reste de racine, c’est un peu solitaire É o fundo do poço, é o fim do caminho No rosto o desgosto, é um pouco sozinho É um estrepe, é um prego, é uma ponta, é um ponto É um pingo pingando, é uma conta, é um conto C’est un oiseau dans l’air, un oiseau qui se pose Le jardin qu’on arrose, une source d’eau claire Une écharde, un clou, c’est la fièvre qui monte C’est un compte à bon compte, c’est un peu rien du tout É um peixe, é um gesto, é uma prata brilhando É a luz da manhã, é o tijolo chegando É a lenha, é o dia, é o fim da picada É a garrafa de cana, o estilhaço na estrada Un poisson, un geste, c’est comme du vif argent C’est tout ce qu’on attend, c’est tout ce qui nous reste C’est du bois, c’est un jour le bout du quai Un alcool trafiqué, le chemin le plus court É o projeto da casa, é o corpo na cama É o carro enguiçado, é a lama, é a lama É um passo, é uma ponte, é um sapo, é uma rã É um resto de mato, na luz da manhã C’est le cri d’un hibou, un corps ensommeillé La voiture rouillée, c’est la boue, c’est la boue Un pas, un pont, un crapaud qui croasse C’est un chaland qui passe, c’est un bel horizon C’est la saison des pluies, c’est la fonte des glaces Ce sont les eaux de Mars, la promesse de vie (Tom Jobim) São as águas de março fechando o verão É a promessa de vida no teu coração É uma cobra, é um pau, é João, é José É um espinho na mão, é um corte no pé (Tom Jobim – Trad. Georges Moustaki) Une pierre, un bâton, c’est Joseph et c’est Jacques Un serpent qui attaque, une entaille au talon Un pas, une pierre, un chemin qui chemine Un reste de racine, c’est un peu solitaire São as águas de março fechando o verão, É a promessa de vida no teu coração É pau, é pedra, é o fim do caminho É um resto de toco, é um pouco sozinho É um passo, é uma ponte, é um sapo, é uma rã É um belo horizonte, é uma febre terçã São as águas de março fechando o verão É a promessa de vida no teu coração Pau, pedra, fim, caminho Resto, toco, pouco, sozinho Caco, vidro, vida, sol, noite, morte, laço, anzol São as águas de março fechando o verão É a promessa de vida no teu coração. (Antônio Carlos Jobim – Rio de Janeiro (RJ)/1927- Rio de Janeiro (RJ)/ 1994) C’est l’hiver qui s’efface, la fin d’une saison C’est la neige qui fond, ce sont les eaux de Mars La promesse de vie, le mystère profond Ce sont les eaux de Mars dans ton cœur tout au fond Un pas, une “ ... pedra é o fim do caminho E um resto de toco, é um pouco sozinho ... “ Un pas, une pierre, un chemin qui chemine Un reste de racine, c’est un peu solitaire... Amor (Clarice Lispector) (...) Enfim pôde localizar-se. Andando um pouco mais ao longo de uma sebe, atravessou os portões do Jardim Botânico. Andava pesadamente pela alameda central, entre os coqueiros. Não havia ninguém no Jardim. Depositou os embrulhos na terra, sentou-se no banco de um atalho e ali ficou muito tempo. A vastidão parecia acalmá-la, o silêncio regulava sua respiração. Ela adormecia dentro de si. De longe via a aléia onde a tarde era clara e redonda. Mas a penumbra dos ramos cobria o atalho. Ao seu redor havia ruídos serenos, cheiro de árvores, pequenas surpresas entre os cipós. Todo o Jardim triturado pelos instantes já mais apressados da tarde. De onde vinha o meio sonho pelo qual estava rodeada? Como por um zunido de abelhas e aves. Tudo era estranho, suave demais, grande demais. (...) (Clarice Lispector - (Chechelnyk/1920 — Rio de Janeiro (RJ)/1977) Amour (Clarice Lispector – Trad. Jacques Thiériot) (...) Enfin elle parvint à se situer. Après avoir avancé de quelques pas le long d’une haie, elle franchit le portail du Jardin Botanique. Elle marchait d’un pas lourd dans l’allée centrale, entre les palmiers. Il n’y avait personne dans le Jardin. Elle déposa ses paquets à terre, s’assit sur le banc d’un sentier où elle resta un bon moment. L’immensité semblait la calmer, le silence ramenait sa respiration à la normale. Elle sommeillait au fond d’elle-même. De loin elle voyait l’allée où l’après-midi était claire et ronde. Mais la pénombre des branches couvrait le sentier. Autour d’elle il y avait des bruits paisibles, une odeur d’arbres, de petites surprises parmi les lianes. Tout le Jardin broyé par les instants à présent plus pressés de l’après-midi. D’où venait le semi-rêve qui l’environnait? Comme d’un bourdonnement d’abeilles et d’oiseaux. Tout était étrange, trop suave, trop grand. (...) Poema dos olhos da amada (Vinícius de Moraes) Ó minha amada Que olhos os teus Ô bien-aimée, quels yeux tes yeux São cais noturnos Cheios de adeus São docas mansas Trilhando luzes Que brilham longe Longe dos breus... Embarcadères la nuit, bruissant de mille adieux Des digues silencieuses Qui guettent les lumières Loin… si loin dans le noir Ó minha amada Que olhos os teus Quanto mistério Nos olhos teus Quantos saveiros Quantos navios Quantos naufrágios Nos olhos teus... Ó minha amada De olhos ateus Quem dera um dia Quisesse Deus Eu visse um dia O olhar mendigo Da poesia Nos olhos teus... Ô bien-aimée, quels yeux… tes yeux Tous ces mystères dans tes yeux Tous ces navires, tous ces voiliers Tous ces naufrages dans tes yeux Ô ma bien-aimée aux yeux païens Un jour, si Dieu voulait Un jour… dans tes yeux Je verrais de la poésie, le regard implorant Ô ma bien-aimée, quels yeux… tes yeux Remerciements Aux lecteurs: Sophie Giusti Portais, Evair Teixeira, Martine Taury, Luciano Lacerda, Auriane Cardona, Monique Freitas, Lisa Daudibon, Beatriz Pereira da Silva, Angélica Quintero, Kátia Bernardon, Morgane Hieronimus et Solenne Derigond. Au Département de Portugais, à l’UFR Langues, au Service culturel de Rennes 2, à João Carlos Olivieri – Jonga, à l’Association Clair Obscur / Festival Travelling, aux Champs Libres, au CROUS, au CREA-Université Rennes 2, à la Wikiradio de l’UEB. Service culturel - Université Rennes 2 1er étage - bâtiment O-Le Tambour 02 99 14 11 40 / 41 / 47 / 55 / 56 [email protected]