OS QUE A SANTA MARIA Transcription Como Santa Maria de [Tudia] fez a huna cavalgada de crischanos e outra de mouros que maseron huna noite cabo da sa eigreja e non se viron, por non averen ontr' eles desavenença. [REFRAIN] Os que a Santa Maria saben fazer reverença, Macar se non amen eles, ela met' y avenença. Ca a que este comprida de ben e de santidade Ama paz e avenença, e amor e lealdade, E dest' un mui gran miragre direi, e ben m’ascuitade, Que ela fez en Tudia e meted' y ben femença. [REFRAIN] No tempo quando de mouros foi o reino de Sevilla, En aquela sa eigreja de Tudia maravilla, Conteceu huna vegada, e mui gran sabor me filla, De dizer como foi esto por averdes mais creença. [REFRAIN] Gran cavalgada de mouros sayu pera os crischanos, Correr e fazerles dano e passou serras e chanos. E chegaron a Tudia, todos sas lanças nas manos, E ben a par da eigreja pousaron sen deteença. [REFRAIN] Assi foi que essa noite muit' en paz aly jouveron E d'outra parte crischanos sa cavalgada feseron, E cabo d'essa eigreja benes os outros maseron, Ca d'aquel logar partirse non ouveron atrevença. [REFRAIN] E tan cerca essa noite unus d'outros alb[er]garon, Que mais cerca non podian, e na font' abeveraron, seus cavalos abeveren, e tanto non braadaron Que s'oyssen nen se vissen nen soubessen conocença. [REFRAIN] Assi tod' aquela gente foi de sunu albergada Aderredor da eigreja, que sol non sentiron nada, Unus d'outros por vertude da Reynna coronada A que todos essa noite fezeron obedeença. [REFRAIN] Outro dia madurgada todos d'aly se partiron, E depois que cavalgaron e sen sospeita se viron, Muito s'en maravillaron; des i treguas se pediron Por averen deste feito como fora connocença. [REFRAIN] Pois que a tregua ouveron e eles todos juntados, Foron e de com' o feito fora, foron acordados En como fora miragre; e partironse pagados E fo[ro]ns unus a Elvas, os outros a Olivença. [REFRAIN] Traduction Comment Sainte Marie [de Tudie](1) fit qu'une cavalerie de chrétiens et une autre de Maures qui demeurèrent une nuit ensemble dans son église ne se virent pas, afin qu'il n'y eût pas de désaccord entre eux. [REFRAIN] Ceux qui savent révérer Sainte Marie, même s'ils ne s'aiment pas les uns les autres, elle leur procure bonne entente. Or donc, celle qui est pleine de grâce et de sainteté aime paix et concorde, et amour et loyauté, et à ce propos, un très grand miracle vous conterai, [et] écoutez-moi bien, qu'elle fit à Tudie, [et] prêtez bien attention. [REFRAIN] À l'époque où des Maures existait le royaume de Séville, dans son église de Tudie, une merveille se produisit une fois, et cela me donne grande joie de conter comment cela se passa, afin que vous ayez plus de foi. [REFRAIN] Une grande cavalerie de Maures sortit pour courir après les chrétiens et leur causer du tort ; [et] elle franchit montagnes et plaines et ils parvinrent à Tudie, toutes leurs lances entres leurs mains, et tous ensemble, à l'église ils firent halte sans délai. [REFRAIN] Ainsi, il arriva que cette nuit-là, ils jouissaient là-bas d'une grande paix, et d'autre part, les chrétiens avaient chevauché et ensemble, en cette église, ils se reposaient, tout près des autres, car de ce lieu, ils ne pouvaient se résoudre à partir. [REFRAIN] Et ils passèrent cette nuit-là si rapprochés les uns des autres, qu'ils ne pouvaient être plus proches, et à la fontaine, ils menèrent leurs chevaux boire, et ils hennirent si peu qu'ils ne s'ouïrent ni ne se virent, ni ne réalisèrent la présence des uns des autres. [REFRAIN] Ainsi, tous ces gens furent abrités ensemble autour de l'église, et ils n'entendirent strictement rien ni de la part des uns, ni de celle des autres, par la vertu de la Reine couronnée à laquelle tous, cette nuit-là, obéissaient. [REFRAIN] Le jour suivant, au petit matin, tous partirent de là-bas, et après avoir chevauché et s'être vus sans soupçon, ils s'en émerveillèrent fort ; ils signèrent alors une trêve afin d'avoir de toute cette affaire l'explication. [REFRAIN] Après qu'ils eurent terminé leur trêve et se furent tous réunis, quant à la nature de cette affaire, ils tombèrent tous d'accord [et] que c'était un miracle ; et ils partirent tout heureux, et les uns allèrent à Elvas, et les autres à Olivenza. [REFRAIN] (1) Tudie (Tudía, ou Sierra de Tentudía, en espagnol) est une montagne de la chaîne de la Sierra Morena, au sud de l'Espagne. Transcription et traduction du texte par Christophe Tellart